11 décembre 2006 1 11 /12 /décembre /2006 11:19

Dossier : 1ère episode

 

On le savait, le “web 2.0″ ne se définit pas vraiment par un degré ou un type particulier d’innovation technique. Il se comprend plutôt comme une plate-forme de services, c’est-à-dire une floraison d’outils censés donner du choix et du pouvoir à l’utilisateur en réseau.

Mais voilà, avec le temps, le
web 2.0 ressemble de plus en plus à un catalogue de la Manufacture d’armes & cycles, proposant des collections toujours plus vastes d’outils aux capacités toujours plus innovantes et en même temps, à la longue, de moins en moins différenciantes - si ce n’est le nombre d’utilisateurs, qui donne une dimension particulière à certains services. Un catalogue dans lequel l’internaute est censé devoir puiser, avec plus ou moins de liberté (choisissè-je un service pour ses qualités propres, ou bien mes proches m’imposent-ils de fait celui qu’ils utilisent ?) et dont l’agrégation du choix final, numériquement valorisé, est à la source de toute une “nouvelle nouvelle économie”.

On finit par se perdre dans la redondance de ces services. On utilise les outils du web 2.0 comme on utilise plusieurs
logiciels de messagerie instantanée (parce que les enfants sont sur MSN, les relations de travail sur Skype et les amis sur Google Talk…). Et nous voilà contraint de surfer entre Del.icio.us, Furl, Blogmarks et StumbleUpon pour gérer nos signets, entre Yahoo, FlickR, Fotolia et autres 8116, pour nos photos, entre Zoho, Writeboard, Google Spreadsheets pour nos documents partagés… Nos réseaux sociaux nous imposent leurs services et ceux-ci nous imposent leurs contraintes, en pleine connaissance de cause : il s’agit, d’une part, que nous attirions à notre tour nos relations dans leurs filets et d’autre part, de rendre la migration vers des services concurrents plus difficile.


Comme le remarquait déjà Karl Dubost, fleurissent ainsi sur les sites des bataillons d’icônes. Nous sommes sollicités par une redondance d’outils entre lesquels il devient impossible de prendre son parti. Où l’utilisateur doit faire son choix, son marché, son ménage, au petit bonheur la chance.

Et dire que naïvement, nous pensions que l’internet et le web tiraient leur force de l’interopérabilité. Et dire que nous pensions que le web 2.0 était “centré sur l’utilisateur”…

Pourquoi donc devons-nous nous déclarer à tous ces services, totalement redondants entre eux ? Pourquoi dois-je utiliser trois outils différents de “signets sociaux” plutôt qu’une plate-forme fondée sur un standard commun, dans laquelle tous les services viendraient puiser pour permettre à ceux qui constituent mon réseau de suivre mes signets quelle que soit la plate-forme qu’ils utilisent ? On se croirait revenus aux premiers temps de l’informatique, quand un texte écrit sur
Mac ne s’ouvrait pas sur un PC et vice versa ! 

A suivre...

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